Croix Notre Dame

(croix monumentale - style gothique flamboyant tardif)  Environ 1600

Cette magnifique et grande croix d'une hauteur totale de 4, 20 m est sculptée dans un calcaire patiné par les siècles.

Un hôpital existait déjà au moyen âge à Ravon (Raon) dont on trouve la trace dans la charte de 1279 établie entre le Duc de Lorraine Ferry III et Alexandre abbé de Moyenmoutier. On retrouve la trace de cet hôpital dans une bulle du Pape Eugène IV le 9 mars 1437 accordant à l'hôpital, une certaine quantité de sel (un demi muid) provenant des salines de Dieuze en Lorraine.

Un cimetière jouxte l'hôpital, ainsi qu'une chapelle dédiée à Notre Dame, le tout était implanté hors les murs de la ville sur les terrains formant une île entre la plaine et le canal dérivé de celle-çi, en vis-à-vis du couvent des cordeliers.

Cette grande croix est commandée à un sculpteur et implantée à la fin du XVI°s. Dans le cimetière Notre-Dame. Dans le cimetière de Bertrichamps (54), se trouve un crucifix monumental identique et exécuté vraisemblablement par le même artiste. Le millésime '1600' est gravé sur la base du fût, permettant ainsi de dater, à quelques années près, son homologue de Raon l'Étape.

Survient la Guerre de Trente Ans qui laissera la Lorraine détruite, exsangue. Des combats se déroulent à partir de 1631 sur la région, en 1636 sous les murs de la ville. Les Français occupent la Lorraine. La peste sévit également pendant plusieurs années. Après cette tourmente, la ville de Raon est détruite, désertée.

Petit à petit le repeuplement se fera, la ville de Raon comme la Lorraine retrouvera une prospérité.
En 1716,  Didier BUGNON, géographe du Duc Léopold parcourt la Lorraine et dresse les plans des villes principales. Sur ce plan l’église Notre Dame entouré de son cimetière apparaît. En 1729, sous Léopold 1er, la réfection de l’église Notre Dame. Refonte est faite des trois cloches ainsi que l’achat d’une quatrième. Sur le cadastre de 1766 l’église Notre-Dame et le cimetière sont indiqués.

Lors de la Révolution, en l'An II de la république (1793), Christophe Dussourd, maire de Raon ordonne la destruction des croix et emblèmes religieux. Le travail est confié à Jean Baptiste Valentin, maçon. Celui détruira méthodiquement toutes les croix rurales et croix de chemins de la commune, ainsi que '40 petites croix' du cimetière, sa facture, très détaillée, ne parle pas de cette croix monumentale. Sans doute a-elle été démontée et cachée avant les destructions.

En l'An IV (1795) de nouvelles destructions ont lieu, les anciennes chapelles (Sainte-Barbe et Saint-Quirin) ainsi que l'Église Notre-Dame disparaissent.